
Comment trouver le juste milieu entre protection des animaux et liberté de recherche ? Pour des raisons éthiques, l'utilisation d'animaux pour des expériences scientifiques doit être limitée, mais cela ne doit pas non plus porter préjudice à la recherche médicale européenne - c'est-à-dire aux malades. C'est la position défendue par le Parlement européen dans les négociations avec le Conseil de l'UE et la Commission européenne. Elisabeth Jeggle, qui mène ces négociations, en explique les enjeux.
La Commission européenne a proposé d'interdire les expériences scientifiques sur certaines catégories d'animaux. Dans un rapport adopté en mai 2009, le Parlement européen a soutenu qu'il fallait en effet réduire au maximum les souffrances animales, mais qu'il ne fallait pas pour autant pénaliser la recherche européenne dans le domaine médical. En jeu, la lutte contre de nombreuses maladies comme le cancer, les scléroses multiples, la maladie d'Alzheimer ou de Parkinson.
Le Parlement européen, la Commission européenne et le Conseil de l'Union européenne (représentant les Etats membres) travaillent maintenant à un compromis. L'Allemande Elisabeth Jeggle (Parti populaire européen) mène ces négociations.
Mme Jeggle, pouvez-vous nous expliquer de quoi traite cette directive ?
Elisabeth Jeggle : La directive pour la protection des animaux utilisés à des fins de recherche scientifique date de 1986. A cette époque, l'Union européenne comptait moins d'Etats membres et la situation en Europe était bien différente. Nous devons aujourd'hui adapter cette directive à l'état des connaissances actuelles et aux attentes de la société.
Le but de la directive, c'est d'éviter, de diminuer et d'améliorer l'utilisation des animaux dans les expériences scientifiques. Cela ne concerne que les expérimentations concernant les médicaments ou la recherche sur les maladies qui sont de plus en plus présentes dans nos sociétés vieillissantes : démence, Alzheimer, scléroses multiples, Parkinson…
Pourquoi les négociations sont-elles si difficiles ? Qu'est-ce qui est en jeu ?
EJ : Il s'agit d'un sujet très sensible et très émotionnel. Il s'agit également d'un sujet important : dans nos sociétés, tout le monde s'accorde sur l'importance de la protection des animaux.
D'un autre côté, en tant que chef des négociations pour le Parlement européen, je me suis toujours battue pour la protection et la dignité des personnes malades ou âgées. C'était également le sens du rapport adopté par le Parlement (rapport Parish adopté le 5 mai 2009, ndlr). Pour nous, en tant qu'Européens, c'est quelque chose d'essentiel. La dignité humaine est une de nos principales priorités.
La difficulté était de concilier ces deux aspects, avec toutes les émotions qu'elles provoquent. D'un côté j'ai les propositions des associations de protection des animaux, qui refusent les expériences sur tous les primates non-humains. D'un autre côté, il est nécessaire de ne pas handicaper la recherche européenne dans sa lutte contre de nombreuses maladies. De plus, si nous sommes trop stricts en Europe, la science et l'industrie seront délocalisées en dehors de l'Europe : qu'aura-t-on alors gagné en termes de protection des animaux ?
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