
La Chine s'est engagée, lundi 14 mars, à réduire son intensité énergétique de 16 % au cours des cinq prochaines années. Réunie pour la clotûre de sa session annuelle, l'Assemblée nationale du peuple, aux fonctions essentiellement symboliques, a adopté le douzième plan quinquennal, feuille de route des orientations du pays jusqu'en 2015. Pour la première fois, la République populaire se dote également d'un objectif de réduction de son "intensité carbone", de 17 %.
Pékin annonce par ailleurs de nouveaux efforts de reboisement en promettant d'augmenter la surface de ses forêts de 12,5 millions d'hectares et se fixe des objectifs contraignants de réduction de 8 % à 10 % des émissions de polluants majeurs des cours d'eau et de l'air.
Le premier ministre, Wen Jiabao, a estimé, lundi, que ces cinq années, au cours desquelles Pékin souhaite voir la croissance ralentir à un rythme de 7 %, contre 10,6 % en moyenne depuis 2006, seront "l'opportunité d'ajuster le mode de développement économique et de régler les déséquilibres, le manque de coordination et de durabilité qui ont prévalu en Chine depuis longtemps".
NE PAS REPRODUIRE LES ERREURS DU PASSÉ
Ce nouvel objectif de réduction de l'intensité énergétique – l'énergie consommée rapportée à la croissance économique – est plus faible que les 20 % fixés pour les cinq années écoulées. Le ralentissement s'explique par le fait que les efforts les plus évidents, tels que la fermeture de petites centrales au charbon ou d'aciéries, ont déjà été réalisés, a jugé Pan Jiahua, du Centre de recherches sur le développement durable de l'Académie des sciences sociales, dans un entretien (à lire en anglais, sur le web).
Ces visées correspondent, toutefois, aux engagement pris par la Chine à la veille du sommet de Copenhague : une baisse de 40 % à 45 % de l'intensité énergétique de la deuxième économie mondiale à l'horizon 2020 par rapport à 2005.
Le gouvernement a annoncé, en février, que le pays avait réussi à réduire de 19 % la consommation d'énergie de la croissance chinoise depuis 2005. A charge donc pour la nouvelle génération de dirigeants qui aura pris le relais de gagner les 5 % à 1 0% restant après 2015.
Cette fois-ci, les planificateurs chinois promettent de ne pas reproduire les erreurs du passé dans l'application du plan quinquennal, héritage de l'économie dirigiste socaliste. Pour atteindre les quotas qui leur étaient fixés par Pékin, des cadres locaux n'avaient pas hésité à recourir à des méthodes radicales dans la dernière ligne droite de l'automne 2010. L'alimentation en électricité avait notamment été coupée dans certaines usines de papeterie et de métallurgie, mettant ainsi leurs ouvriers au chômage technique.
Ces mesures ont été qualifiées "d'excessives" par Zhang Ping, le président de la Commission nationale pour le développement et la réforme, sorte d'hyper ministère de l'industrie. "Nous nous opposerons à de nouvelles coupures, ces incidents sont lourds de conséquences sur la société", a déclaré M. Zhang lors d'une conférence de presse.
"N'ALLONS-NOUS PAS SUREXPLOITER NOS RIVIÈRES ?"
La Chine s'engage également à faire passer à 11,4% la part des sources non-fossiles dans son "mix" énergétique au terme de ces cinq annnées, contre 9,6% à l'heure actuelle. Ces efforts visent à réduire la dépendance historique du pays au charbon, qui couvre encore environ 70% de ses besoins en énergie. En termes absolus, la consommation de charbon devrait toutefois continuer de croître ces prochaines années. Elle a augmenté de 5,3% en 2010.
L'environnementalise Ma Jun se félicite des nouvelles ambitions vertes de son pays, même s'il faudra, selon lui, fixer à terme un pic absolu limitant l'utilisation du charbon. Le fondateur de l'Institut d'affaires publiques et environnementales, basé à Pékin, s'inquiète, par ailleurs, que la course aux énergies dites "renouvelables" se traduise dans les faits par une multiplication des barrages, qui nuisent aux éco-systèmes et rendent nécessaires les déplacements de populations.
La Chine prévoit d'avoir plus que triplé ses capacités hydroélectriques en 2020 par rapport à 2004 et continue d'annoncer de nouveaux projets de retenues, dont la plus haute du monde, au Tibet, alors que l'immense barrage des Trois gorges reste controversé. "N'allons-nous pas surexploiter nos rivières ?" s'interroge Ma Jun.
De même, estime-t-il, le nucléaire doit faire l'objet de précautions en Chine. Alors que l'utilisation de l'énergie de l'atome doit quadrupler d'ici à 2015, il prévient que les risques doivent être pris au sérieux même s'il constate également que pour couvrir les nouveaux besoins du pays "il n'y a pas de solution parfaite, les coûts sont toujours élevés".





